Avec Marthou, nous avons eu une institutrice à la maison. J’avais 14 ans quand nous avons quitté Montréjeau pour Toulouse.

La première année de nos études, Mademoiselle Lafforgue était une excellente enseignante, mais d’une sévérité telle que je ne pouvais le supporter.

Emus par ma révolte, nos parents l’ont remplacée par Mademoiselle Cavallès, aussi bonne que l’autre était dure.

Elle logeait à la conciergerie, où elle appréciait son indépendance, et nous donnait ses cours au « studio », qui est la cuisine actuelle.

1er carnet de notes

Simone passe son brevet _ 1931

Nous suivions le catéchisme à la paroisse, ce qui permettait un contact avec les enfants de notre âge.

J’allais aussi au couvent deux fois par semaine, pour mes leçons de piano avec Marguerite Chabert, une condisciple de ma sœur aînée à la pension : sévère, exigeante, excellent professeur.

La musique tenait une grande place dans nos vies. C’était l’une de nos distractions favorites lorsqu’il faisait mauvais temps. Papa jouait de la flûte, Marthou du violon, Henri du saxophone. Je les accompagnais au piano. 

L'église saint Jean de Montréjeau

Maman avait un très beau timbre de soprano, Tantinette en mezzo-soprano, exceptionnellement puissante.

A l’Eglise, quand elle chantait, elle couvrait l’orchestre et les chœurs. Pour Sainte Jeanne d’Arc, nous vibrions tous au couplet final « vive Jeanne, vive la France », comme vibraient les lustres du salon, quand elle invoquaient les « anges purs, anges radieux portez mon âme au fond des cieux » de Faust.

Son mari avait une joli voix de ténor, mon frère évoluait du baryton à la basse chantante.
 

Marraine, (Lili ma sœur aînée), prenait des leçons de chant, son soprano était plus travaillé, elle excellait dans Faust, Carmen et Madame Butterfly.

C’étaient des airs connus dont on ne se lassait pas, souvent des extraits d'opéra : Manon, Carmen, Lacné, Hérodiade, Faust…

 Le piano du salon